Confinement, commerces vidés et rues désertes : chez les personnes nées dans les années 1920-1930, la mémoire de la Seconde Guerre mondiale se fait soudain plus vivace. Contactée par « Le Point », Micheline, 88 ans, qui ne sort plus depuis longtemps, livre son analyse sur la situation de confinement, tout en puisant dans ses souvenirs. Elle a d’abord été choquée par les images de Parisiens étendus dans l’herbe ou flânant dans les parcs. « Je pense que les gens sont devenus très exigeants, ils n'ont pas eu l'habitude de se priver et, évidemment, c'est difficile pour eux comme pour leur entourage », explique-t-elle. De la guerre et de l'occupation, elle garde le souvenir d'une fuite éperdue devant l'avancée des troupes allemandes. Bombardée à plusieurs reprises, la jeune adolescente se réfugie dans les talus en serrant ses frères cadets contre elle. Rien de comparable à la situation actuelle, reconnaît-elle, même s'« il y a cette peur panique qui se développe chez les gens de manquer de tout. C'est pour ça qu'ils se ruent dans les magasins. Mais pendant la guerre, c'était plus net ». Le Covid-19 fait des ravages parmi les plus âgés. L'agence Santé publique France révélait, dimanche 15 mars, que plus de deux personnes sur trois, de 65 ans ou plus, étaient hospitalisées après un passage aux urgences. Vendredi 20 mars, le dernier bilan communiqué par le ministère de la Santé faisait état de 450 morts en France depuis le début de l'épidémie, 5 226 personnes hospitalisées, dont près de 1 300 en réanimation.