Le cours du brut est un peu remonté aujourd'hui, mardi 10 mars, mais les quelque 11 % grappillés lors de la séance journalière sont loin de compenser la dégringolade de la veille. Entre vendredi et lundi, le baril de brent a perdu 21,4 %, pour s'afficher en fin de séance à 35,61 dollars. Il cotait, il y a deux ans, à 85 dollars… Si le brut a entamé sa décrue depuis plusieurs semaines, à cause notamment de l'apparition du coronavirus en Chine (le cours dépassait les 70 dollars en janvier), il doit la chute vertigineuse de lundi à une réaction en chaîne. Francis Perrin, chercheur associé au Policy Center for the New South et directeur de recherche à l'Iris, décrypte les raisons de ce revirement et ses conséquences. Vendredi, à Vienne, l'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, tente une nouvelle fois de réduire la production d'or noir afin de soutenir les prix chamboulés par l'épidémie. Mais la Russie, contrairement aux dernières réunions avec l'Opep, ne veut pas suivre Riyad sur cette voie. « Les Saoudiens l'ont très mal pris. Le royaume a donc décidé d'un revirement complet qui a pour objectif de défendre ses parts de marché. Ils baissent les prix et, sans doute, ils augmenteront la production, ce qu'ils ont les moyens de faire, pour entamer une guerre contre les Russes », explique Francis Perrin. « La Russie est la cible principale, les États-Unis la cible secondaire. Leur industrie pétrolière, en particulier les petits producteurs, risque de souffrir. Il faut prévoir des faillites et des restructurations au sein du secteur pétrolier américain », poursuit le chercheur. « Si Moscou se dit : "On va voir ce qu'on va voir", la situation risque de perdurer. Le problème, c'est que ces questions se règlent au niveau des chefs d'État, où les questions d'ego sont primordiales ! » conclut Francis Perrin.