Loin de l’attention des caméras et des organisations humanitaires, une crise humaine et sanitaire profonde se déroule au sud de la province du Nord Kivu, dans les territoires de Masisi, Walikale et Rutshuru.
Connue sous le nom de « Petit Nord », cette région est le théâtre constant de conflits armés, de violences et de déplacements. A l’heure actuelle, plus de 687.000 personnes déplacées vivent loin de chez elles, dans des camps surpeuplés ou dans des familles d'accueil. Pour les populations hôtes et déplacées, la forte insécurité rend risqué tout déplacement aux champs ou aux centres de santé, ce qui aggrave encore la situation alimentaire, sanitaire et économique des familles. L’ensemble de la population souffre d’un niveau inquiétant de violence sexuelle et armée, de malnutrition, mais également de paludisme et de maladies liées au manque d’installations sanitaires. Dans les camps, les déplacés ne reçoivent quasiment aucune assistance humanitaire et endurent des conditions de vie extrêmes, dans des abris de fortune en terre et en bois, sans aide alimentaire ni appui constant en eau ou assainissement.
En dépit de cette situation critique, la région du « Petit Nord » est pourtant marquée par un manque criant d’organisations humanitaires. Dans un contexte difficile sur le plan sécuritaire et logistique, et par manque de fonds mis à disposition par les bailleurs humanitaires, plusieurs organisations ont en effet quitté cette région en 2018 et 2019. Médecins Sans Frontières est – à de rares exceptions près – la seule organisation humanitaire à soutenir populations dans les zones de santé de Masisi, Mweso et Rutshuru. Mi-novembre 2019, quelques acteurs ont bénéficié d’un financement temporaire du « Fonds Humanitaire RDC » et ont pu démarrer des activités pour une courte période mais cet appui est temporaire et bien insuffisant, et il serait erroné de penser que la réponse aux besoins humanitaires est désormais garantie.