A l’Assemblée nationale, il faut toujours se méfier de ce qu’il peut se passer la nuit. Les séances nocturnes sont souvent celles qui promettent les meilleurs rebondissements.
Les débats dans la nuit de jeudi à vendredi en ont donné un bel exemple. Les députés examinaient le projet de loi bioéthique. Et la majorité a voté un amendement contre l’avis du gouvernement. Ce dernier prévoit la reconnaissance des enfants nés de GPA à l’étranger. C’est le co rapporteur Jean Louis Touraine, l’un des plus allants sur ces thèmes au sein de la majorité, qui portait cette mesure.
Voilà qui met le gouvernement dans l’embarras. L’exécutif ne voulait surtout pas que la GPA vienne interférer dans le débat. Y intégrer ces trois lettres serait donner de trop belles armes aux opposants à l’extension de la PMA aux couples de femmes, mesure la plus cristallisante du texte.
Hasard du calendrier, ce vendredi après midi, la cour de cassation a donné raison au couple Menesson, devenu emblématique. Ils sont en procès depuis 20 ans pour établir un lien de filiation avec leurs filles nées d’une GPA à l’étranger. Elle considère qu’il ne peut pas y avoir d’“obstacle à la reconnaissance d’un lien de filiation avec la mère d’intention”.
Le tout 48 heures avant la manifestation des opposants au texte, à l’appel de la Manif pour tous et d’une vingtaine d’associations. On a connu meilleur timing. Pas sûr pour autant que la mobilisation soit massive alors que plus de 65% des Français sont favorables à l’extension de la PMA à toutes les femmes.