Mediator. Dix ans après le scandale sanitaire, le laboratoire Servier et l’ANSM devant la justice

2019-09-23 15

Mediator. Dix ans après le scandale sanitaire, le laboratoire Servier et l’ANSM devant la justice.

L’antidiabétique, détourné en coupe-faim, pourrait être responsable de plus de 2 000 décès. L’instruction pointe « dissimulations » des laboratoires Servier et « passivité » de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Sept mois de débats, près de 5 000 victimes dont 2 684 constituées parties civiles, 376 avocats, 100 témoins… Un procès hors-norme s’ouvre ce lundi au tribunal correctionnel de Paris. Celui du Mediator, scandale révélé au public en 2010, montrant des failles du système sanitaire, de même que les relations parfois troubles entre experts, firmes pharmaceutiques et dirigeants du secteur de la santé.

Le Mediator, antidiabétique du groupe Servier largement détourné en coupe-faim, a été prescrit à 5 millions de personnes de 1976 à 2009. Date de son retrait quand un lien entre la prise de ce médicament et des maladies cardiaques (valvulopathie) ou des poumons (hypertension artérielle pulmonaire) est établi par la pneumologue Irène Frachon. Il pourrait être responsable, à long terme, de 2 100 décès, selon une expertise judiciaire.

Le laboratoire Servier et l’ANSM mis en cause
Douze personnes physiques et onze personnes morales, dont les laboratoires Servier et l’Agence nationale de sécurité du médicament vont comparaître. Le groupe pharmaceutique étant jugé notamment pour tromperie aggravée et trafic d’influence. Sur le banc, d’anciens cadres, mais pas le fondateur, Jacques Servier, décédé en 2014.

Il est reproché à la firme « d’avoir dissimulé les propriétés réelles du Mediator », notent dans leur ordonnance les juges d’instruction. Comme sa parenté médicale avec d’autres anorexigènes (coupe-faim), retirés du marché depuis 1997 au motif d’effets secondaires cardiaques et pulmonaires.

Ce que contestent les laboratoires Servier, dénonçant une « enquête à charge ». L’antidiabétique, « représentant moins de 1 % du chiffre d’affaires, n’avait aucun intérêt stratégique » pour le fabricant, assurent ses avocats. Ceux-ci ont déposé des questions prioritaires de constitutionnalité, procédure susceptible d’interrompre le procès le temps de les examiner. Ils estiment notamment que certains « faits sont prescrits ».

L’Agence du médicament est, elle, renvoyée devant le tribunal pour « homicides et blessures involontaires par négligence ». Elle a tardé, selon les magistrats instructeurs, à suspendre le Mediator malgré l’accumulation des alertes dès le milieu des années 90.

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