Raphaël de Andreis (Havas): «Il faut que la place des Gafa soit juste pour que les médias de contenus puissent vivre»

2019-09-10 1

D’emblée, notre invité l’assure: «La publicité est à un tournant. Durant 10 ans, de nouvelles ’espèces’ sont arrivées dans le système » comme les Gafa. « C’est un bouleversement, assure-t-il, duquel découle beaucoup de positif, dont une distribution exceptionnelle qui a permis aux marques de toucher de nouveaux consommateurs. On a aussi pu voir grâce à cela l’émergence des pure players. Mais, aujourd’hui, c’est vrai, on est à un tournant». 



Mais la publicité ne se retrouve-t-elle pas siphonnée par ces nouveaux acteurs ? Notre invité explique: «Il ne faut pas se concentrer uniquement sur le quantitatif, une marque n’existe pas uniquement pour faire du clic. Il faut remettre le bon sens au milieu du paysage !».



Assiste-t-on aujourd’hui à une transformation de plus en plus rapide de ce paysage ? « C’est vertigineux, assure-t-il. Qui pouvait imaginer il y a quelques mois, par exemple, une alliance entre trois féroces concurrents pour créer Salto ? (…) Les agences médias, dans ce contexte, n’ont jamais été aussi importantes pour conseiller».



Au sujet de la domination des Gafa, il explique encore: «C’est un risque mais ils ont toute leur place. Mais ils doivent avoir leur juste place pour que les médias de contenus puissent vivre (…) Il faut trouver un équilibre».



Alors qu’outre-Atlantique des actions judiciaires se multiplient contre les Gafa pour abus de position dominante, l’Europe devrait-elle suivre le même chemin ? «Je serais surpris que les pouvoirs publics ne regardent pas ce sujet», affirme notre invité.



Mais pour les médias, créer des alliances avec les Gafa, ne serait-ce pas faire entrer le loup dans la bergerie ? «Ce sont de magnifiques plateformes de distribution, assure Raphaël de Andreis. Il faut juste trouver un équilibre».