Succession de Bouteflika: «C’est un match qui va se jouer en plusieurs sets», assure Karim Zeribi

2019-03-12 12

Alors que l’entourage de Bouteflika a annoncé, hier, qu’il abandonnait l’idée d’un cinquième mandat tout en restant au pouvoir pour l’instant, la rue fête sa première victoire. «C’est un match qui va se jouer en plusieurs sets, explique notre invité. Cette séquence algérienne qui vient de s’ouvrir est le premier et il a été gagné par la rue, par le peuple algérien (…) Maintenant, c’est une nouvelle séquence qui s’ouvre».



Est-ce que pour autant le clan Bouteflika, en particulier son frère, a aussi renoncé ? «Je crois qu’à un moment donné, un tsunami s’est mis en place dans la rue algérienne et qui a poussé ceux qui sont autour du Président, dont son frère mais pas seulement, à reculer et à prendre conscience que la situation actuelle n’était pas possible ni acceptable pour le peuple algérien.»



On parle du clan Bouteflika, mais comment le définir ? «Beaucoup de choses sont entremêlées, assure Karim Zeribi. Il y a une forme d’oligarchie économique qui fait beaucoup d’argent grâce au pouvoir politique, il y a quelques généraux qui sont aussi des partenaires du pouvoir et des hauts fonctionnaires qui servent l’administration et l’état algérien d’une manière très partisane qui consiste à servir les intérêts de ce clan. Ils sont interdépendants et cela ne peut pas satisfaire le peuple».



Peut-on, à cet égard, parler de démocratie ? «Je dirais que c’est le contrôle par un clan qui maîtrise aussi les médias, qui influence les esprits, l’opinion et qui a donné le sentiment qu’il n’y avait pas d’alternatives à Bouteflika (…)»



Alors que le ministre de l’Intérieur algérien a été nommé Premier ministre, que faut-il en tirer ? «C’est quelqu’un qui est proche du clan Bouteflika et qui va continuer la même histoire. Soit il veut gagner du temps pour faire en sorte que quelqu’un d’autre du clan émerge, soit pour que le peuple s’apaise et va créer les conditions d’un véritable débat. De mon point de vue, je crois qu’ils n’ont pas le choix».



Il ajoute : «Il y a des personnes de qualité en Algérie, notamment le vice-premier ministre (…) Mais le peuple n’attend plus un homme providentiel, il n’y croit plus. Ce que le peuple veut, c’est une nouvelle Algérie, une nouvelle constitution, une économie libérée. Entreprendre en Algérie est complexe !». 


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