Légalisation du cannabis thérapeutique au Liban : qu'en pense-t-on à Yammouné ?

2019-02-08 9

Yammouné, son lac artificiel et ses champs de cannabis s’éveillent paresseusement en cette douce matinée de fin juillet. Il y a quelques jours, « le troisième barrage du pays », comme on l’appelle ici, y a été inauguré en grande pompe, par nombre de ministres et de personnalités officielles. Il est pourtant bordé de vastes champs de haschich d’un vert éclatant.

Des champs à profusion, qui s’étirent dans la plaine et jusqu’aux collines environnantes, et dont les feuilles bruissent sous le vent. Mis à part sa grande beauté, le paysage n’émeut plus personne dans la localité de la Békaa-Nord, qui compte depuis plus de 150 ans sur les revenus de cette culture illicite pour vivre décemment.

Yammouné et ses habitants ne s’en cachent pas. Ils réinvestissent leurs gains dans la pierre et l’éducation de leurs enfants. Chacun à son échelle, bien entendu : les petits agriculteurs dans des maisonnettes inachevées, les barons de la drogue dans des villas cossues au luxe ostentatoire. Une réalité palpable dans toute la région, qui place le Liban à la troisième place des pays exportateurs de résine de cannabis, selon l’Office des nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), après le Maroc et l’Afghanistan. Les estimations font état de 200 millions de dollars d’exportation annuelle de cette drogue vers les pays du Golfe, l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Nord, à travers des circuits illégaux, et ce après l’échec du programme des cultures de substitution, lancé sans enthousiasme par les autorités en 2001.

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