Huawei, le deuxième producteur mondial de smartphones, qui n’en finit pas de gagner des parts de marché, est la bête noire des Américains. Paris n’est pas plus confiant, mais veut ménager Pékin.
En trente ans, Ren Zhengfei a fait du chinois Huawei un géant mondial des télécoms. Mais la personnalité du fondateur, ancien ingénieur de l’armée chinoise, alimente les suspicions d’espionnage, via les smartphones et les équipements réseau.
La fille du fondateur arrêtée au Canada
En faisant arrêter sa fille, Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, au Canada, pour violation de l’embargo sur l’Iran, Washington a sans doute voulu provoquer le pouvoir chinois dans son bras de fer commercial. Mais, en représailles, un ex-diplomate canadien a été arrêté en Chine. Mardi, la justice canadienne a accepté de libérer Meng Wanzhou sous caution.Huawei, qui est devenu au deuxième trimestre le numéro deux des producteurs de smartphones en doublant Apple, est la bête noire des Américains. En février, le FBI, la CIA et la NSA ont déconseillé aux chefs d’entreprise américains les appareils Huawei. Une loi fédérale les proscrit pour les responsables gouvernementaux et militaires.
Huawei privé d'appels d'offres
Pour l’administration américaine, l’entreprise chinoise, qui compte quelque 180 000 salariés, est une branche de l’appareil d’État chinois. Or, sa position dans les télécoms est stratégique. Huawei est la seule entreprise mondiale à maîtriser toute la chaîne des télécoms, y compris les serveurs cœurs de réseau qui constituent les nœuds de l’Internet mondial.Washington s’est lancé dans une campagne auprès de ses alliés pour les dissuader de laisser le champ libre à Huawei. L’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Grande-Bretagne ont suivi ses conseils. Le Japon s’apprêterait également à interdire ses appels d’offres au Chinois.
La France se montre vigilante depuis 2015
En France, où Huawei s’est implanté en 2003, les soupçons ne sont pas moins forts. Mais Paris tente de ménager Pékin pour préserver les ventes de réacteurs nucléaires. Pour autant, Bercy a vu rouge quand SFR a fait l’acquisition d’équipements réseau Huawei, vraisemblablement à prix cassés, pour équiper l’Ile-de-France. À proximité des lieux de pouvoir…Un dispositif de veille et d’action contre l’éventuelle ingérence de Huawei a été mis en place en 2015 par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Depuis, les conseillers ministériels qui avaient reçu des smartphones Huawei en cadeau ont été priés de ne pas s’en servir. EDF a également été mise en garde contre l’équipement de ses salariés en appareils chinois. Tout comme la communauté scientifique. Mais, jusqu’à présent, aucun fait d’espionnage n’a été imputé à Huawei.