Philip Glass : Double concerto pour violon et violoncelle (Gidon Kremer / Giedre Dirvanauskaitė

2018-10-11 299

Sous la direction de Mikko Franck, l'Orchestre philharmonique de Radio France joue le Double Concerto pour violon et violoncelle de Philip Glass, avec Gidon Kremer et Giedre Dirvanauskaitė. Concert enregistré en direct le 5 octobre 2018 à la Grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris.

PHILIP GLASS (1937) : Double concerto pour violon et violoncelle - Composé en 2010 et créé le 22 avril 2010.
Duet N°1 - Part 1
Duet N°2 - Part 2
Duet N°3 - Part 3
Duet N°4
« Pour l’écriture des cordes, il n’y avait qu’une solution. J’ai emprunté un violon à l’école de musique, et j’ai commencé à prendre des leçons. Par hasard, ou peut-être intentionnellement, je me suis retrouvé assis à côté d’une belle et agréable jeune femme dans ma classe de “littérature et documentation musicales”. Elle s’appelait Dorothy Pixley, et allait devenir Dorothy Pixley-Rotschild, car elle devait se marier l’année suivante. Nous sommes bientôt devenus amis, et je lui ai demandé des leçons de violon, ce qu’elle m’a accordé rapidement et avec joie. D’une façon générale, je trouve que mes camarades de la Juilliard School ont toujours été très serviables dans ce genre de choses. C’était facile d’être aidé, et j’ai souvent consulté des amis pour toute information ou toute aide dont j’avais besoin. J’ai donc commencé à jouer des gammes, développant des capacités rudimentaires dans les doigtés et les coups d’archet. J’ai également commencé à écrire de la musique pour Dorothy – des quatuors à cordes, un trio, et même un concerto pour violon solo, vents et percussions, composé quand j’étais à l’école de musique d’Aspen, étudiant avec Darius Milhaud en 1960. Bien que je ne sois jamais devenu un violoniste correct, j’ai pu apprendre ce dont j’avais besoin afin de bien écrire pour le violon. Depuis lors, j’ai composé sept quatuors à cordes, deux concertos pour violon, deux concertos pour violoncelle, et un double concerto pour violon et violoncelle. »
Ainsi témoignait en 2015 Philip Glass dans son autobiographie dont le titre Words without Music (« Paroles sans musique ») s’inspire probablement des Notes sans musique de Milhaud. Cinq années auparavant, le compositeur américain répondait à une commande de la compagnie Nederlands Dans Theater en écrivant ce Double Concerto qui fut créé dans le cadre d’un spectacle intitulé Swan Song (« Le Chant du cygne »), et chorégraphié par Sol Léon et Paul Lightfoot. La commande mentionnait une œuvre pour orchestre, mais Philip Glass souhaita lui associer les deux solistes pour créer une véritable symbiose avec le « pas de deux » des principaux danseurs. Le dialogue concertant d’un violon et d’un violoncelle avait nourri l’imagination de nombreux compositeurs avant Glass, comme Vivaldi, Johann Christian Bach, Stamitz, Reicha, Donizetti, Saint-Saëns, Ysaÿe, Vieuxtemps, Delius, Pfitzner, Röntgen, Rózsa, Cerha, Moret, Schnittke, Lou Harrison ou Ned Rorem. Après 2010, Dusapin, Escaich, Harbison ou James Horner ont à leur tour enrichi ce répertoire. Cependant, c’est à Brahms que l’on doit le plus grand chef-d’œuvre du genre, avec sa dernière partition orchestrale, son Doppelkonzert pour violon, violoncelle et orchestre de 1887. Ravel allait lui aussi associer les deux instruments, mais sans orchestre, dans une merveilleuse Sonate écrite en 1920 à la mémoire de Debussy.
Fidèle à son style de « minimal music » et conscient de cet héritage, Philip Glass se situe à mi-chemin du concerto et de la sonate dans cette œuvre qui alterne quatre duos intimes entre les deux solistes, et trois mouvements concertants. Créée le 22 avril 2010, la partition a fait, depuis lors, le tour du monde : de Hong Kong à Odense, en passant par Istanbul, Tokyo, Kansas City, Moscou, Budapest, Atlanta, Madrid, ou Dallas, avec des violonistes comme Tim Fain ou Gidon Kremer, et des violoncellistes comme Matt Haimowitz, Giedré Dirvanauskaitė ou Wendy Sutter (pour qui la partition avait été originellement écrite avec la violoniste Maria Bachmann).