Dans le célèbre film Clockwork Orange (1971), Kubrick utilise la musique de Beethoven, et en particulier des extraits de sa Symphonie n°9, comme une composante essentielle de la bande originale. L'une des scènes les plus marquantes est celle où Alex DeLarge, le personnage principal joué par Malcolm McDowell, écoute l'"Hymne à la Joie" du final de la Symphonie n°9 tout en se remémorant des actes de violence extrême. Cette juxtaposition saisissante entre la musique sublime de Beethoven célébrant l'idéal humaniste de fraternité universelle, et les actes de cruauté gratuite d'Alex, crée un contraste profondément dérangeant et ironique. Kubrick utilise ainsi la puissance émotionnelle de la Neuvième Symphonie à contre-emploi, détournant son message originel de joie et d'amour fraternel pour illustrer la nature profondément corrompue et violente du personnage d'Alex. Cette scène reste gravée dans les mémoires comme l'une des plus fortes et controversées associations entre musique classique et violence à l'écran. Kubrick a ainsi immortalisé et resignifié de manière provocante l'œuvre majeure de Beethoven dans l'imaginaire cinématographique.
