Pascal Dusapin : Double concerto pour violon et violoncelle (Viktoria Mullova / Matthew Barley)

2018-05-30 39

Viktoria Mullova (violon) et Matthew Barley (violoncelle) jouent pour la première fois en France le Double Concerto pour violon et violoncelle « At Swim-Two-Birds » de Pascal Dusapin avec l'Orchestre national de France dirigé par Pascal Rophé.

À propos de son Double Concerto « At Swim-Two-Birds », Pascal Dusapin raconte : « J’ai longtemps hésité avant d’accepter la commande d’un double concerto. Je venais d’achever un concerto de violon (Aufgang, 2011) pour Renaud Capuçon et l’Orchestre de Cologne, et devais m’attaquer à un concerto de violoncelle pour Alisa Weilerstein et l’Orchestre de Chicago (Outscape, 2015), sans compter que je devais écrire aussi un long solo de violon pour Carolin Widmann (In vivo, 2014) et que j’avais promis à Anssi Karttunen d’écrire pour lui et le pianiste Nicolas Hodges une sonate de violoncelle (Slackline, 2016)… J’étais donc envahi de toutes parts par le violon et le violoncelle. C’est alors que Viktoria Mullova et Matthew Barley m’ont demandé si j’étais intéressé à écrire un double concerto pour eux deux. C’était une demande très douce et insistante qui m’a beaucoup impressionné. J’ai répondu que je ne savais pas encore, que c’était peut-être “trop” pour moi ces deux instruments encore… Alors, ils m’ont répondu qu’un violon et un violoncelle ensemble c’est un autre instrument. Cela a tout changé… »
Voici donc Pascal Dusapin en compagnie d’un nouveau protagoniste, « véritable autre instrument dans lequel deux natures cohabitent, une véritable dialectique ». Avec des problèmes d’équilibre inédits car si le violon s’impose naturellement sur l’orchestre, il n’en est pas de même pour le violoncelle, le rapport des deux instruments entre eux posant encore maints problèmes. Du point de vue formel, le nombre de mouvements s’est imposé de lui-même : deux, pour lui donner place entre Aufgang en trois mouvements, et Outscape en un seul. Deux mouvements pour un face à face à l’origine lui aussi d’une réflexion sur l’équilibre, mais dans une dimension plus temporelle. Au cours de son travail, Pascal Dusapin découvre un roman de Flann O’Brien. Publié en 1939, admiré par James Joyce, Graham Greene et Anthony Burgess, At Swim-Two-Birds raconte les errements et rêveries d’un jeune étudiant paresseux, aspirant écrivain, dont les personnages plongent le lecteur dans une mise en abîme fascinante où de nouveaux romans naissent du roman lui-même. Les histoires se mêlent jusqu’à ce que la réalité soit envahie par les mythes irlandais.
Si ce récit est presque aussi original que celui d’Ulysse de Joyce, Pascal Dusapin ne reprend toutefois pas le titre de Flann O’Brien pour établir des parallèles, persuadé que « la musique ne représente pas autre chose que la musique » (Fragment d’un discours musical, 1995). Saisi « par l’extravagance narrative et formelle de cet écrivain irlandais », il ne cherche pas un programme mais envisage à partir de l’idée de « confusion » une « fiction propre à la musique » : « J’ai alors réalisé que j’essayais de trouver une forme et une conduite des événements musicaux un peu semblable, où l’histoire écrite par le protagoniste imaginaire est confondue avec l’histoire réelle de l’auteur. » « Et puis il y a deux oiseaux dans le titre », remarque Pascal Dusapin non sans sourire. Deux oiseaux dont les solistes paraissent régulièrement s’approprier le chant. Ni en dialogue – violon et violoncelle ne forment pas ici un duo – ; ni en fusion – forment-ils vraiment un unique instrument ? –, mais dans une union simple et parfaite, tantôt se relayant ou s’accompagnant, parfois comme à l’unisson, dans un jeu subtil de rapprochement et de différenciation qui s’étend naturellement à leur rapport avec l’orchestre. Flûtes, percussions et cordes notamment parsèment ainsi les longues harmonies de multiples figures solistiques. Dans les premières mesures, le violon entre sur un accord du violoncelle. Pour sa deuxième phrase, il part d’un unisson avec son partenaire avant de s’en écarter dans un mouvement contraire. Deux gestes pour introduire un « double concerto » qui ne cesse de remettre en cause sa propre dualité.


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