Troublante, émouvante, bouleversante : la voix de Naïma El Dziria (l’Algérienne) est tellement exceptionnelle et prenante qu’on ne sait plus vraiment comment la qualifier avec précision. Fatima-Zohra Graïmou, dite Naïma, née le 27 juin 1968 à Kouba (Alger), suit l’enseignement de l’école des jeunes aveugles avant de s’inscrire au conservatoire de musique, puis d’intégrer la fameuse association « El-Fakhardjia ». C’est en 1983, dans l’incontournable émission télévisée « Alhan wa chabab » (littéralement : mélodie et jeunesse, sorte de radio-crochet filmé) qu’elle effectue ses premiers pas. Épaulée par Saïd El-Ghobrini, un vétéran du chaâbi, elle se lance dans le style hawzi et chaâbi, enfilant les succès comme des perles. Après une brève éclipse, elle réapparaît en 1991, plus lumineuse que jamais. La télévision algérienne la réclame régulièrement, elle foule les planches des scènes les plus prestigieuses et elle demeure l’artiste algérienne la plus demandée lors des saisons de mariages.
Le chaâbi tonique de Chaou
C’est en 1966 qu’Abdelkader Chaou enregistre ses deux premiers morceaux : Sallam Ef Lehwa et Darni Hwil Ghezala. L’année suivante, il grave son premier 45 tours, avec la collaboration fructueuse de Mahboub Bati, compositeur et propriétaire d’un des rares studios d’enregistrement privé de l’Alger de l’époque. La complicité artistique qui unit les deux hommes se poursuivra et se concrétisera par un succès monumental avec Djah Rebbi, qui ouvrira en grand à Chaou les portes de la reconnaissance. Chansons tristes ou gaies, ambiance de fête… et même emprunt à la tradition ibérique – à travers Chehlat Layani, interprété autrefois par Luis Mariano –, Abdelkader Chaou, avec un chaâbi remodelé, vif et attrayant, dont lui seul a le secret, parle directement au cœur du spectateur… sans oublier les hanches de celui-ci.