Loi Asile et Immigration: coup d'envoi des débats à l'Assemblée, premiers tirs croisés.
"Petite" pour la droite, "inhumaine" pour la gauche : la loi asile et immigration a fait l'objet lundi soir de premiers tirs croisés à l'Assemblée, le gouvernement plaidant l'"urgence" à agir avec ce texte controversé qui met la majorité à l'épreuve.
La loi a "trois objectifs majeurs : une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif, une intégration réussie", a affirmé le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, à l'ouverture des débats en première lecture.
Dans un hémicycle clairsemé, il a notamment évoqué la "crise migratoire" en Europe et mis en avant la saturation en France des hébergements d'urgence, plaidant l'"urgence à réagir face à une situation qui se dégrade d'année en année".
Premiers à monter au front, les députés LR ont dénoncé, par la voix de Guillaume Larrivé une "petite loi" qui "ne permettra pas à la France de sortir du chaos migratoire".
"Convoquer en permanence le devoir d'humanité qui invite à de tièdes décisions est une faute lourde", a aussi lancé Annie Genevard à l'adresse du ministre.
L'insoumis Eric Coquerel a, lui, dénoncé un discours "nauséeux" de LR dont le rôle est à ses yeux de "jouer à l'idiot utile du macronisme et faire passer une loi extrême pour une loi équilibrée", alors qu'elle est "inhumaine".
Laurence Dumont (Nouvelle gauche) a également jugé l'argumentation de la droite "aussi indigne que le projet de loi lui-même" qui "traite l'étranger en délinquant, l'enfant en adulte, le malade en imposteur et le demandeur d'asile en fraudeur".
"Nous vous montrerons comment à la fois nous limiterons une immigration massive et en même temps au détriment de ce que vous voulez faire, nous garantirons le droit d'asile", "un droit sacré", a répondu de son côté à la droite Gérard Collomb.
Le projet de loi prévoit notamment de réduire à six mois les délais d'instruction de la demande d'asile, pour entamer rapidement le travail d'intégration des réfugiés, et à l'inverse de faciliter la reconduite à la frontière pour les déboutés.
- "Solidarité" -
Manifestation des tensions nées il y a plusieurs mois autour des dispositions sur l' asile: la porte du Palais Bourbon a été taguée dans le week-end de l'inscription "accueil de merde". Cinq personnes ont été interpellées.
Plusieurs centaines de manifestants se sont aussi rassemblés lundi aux abords de l'Assemblée, emmenés notamment par la Cimade ou la Ligue des droits de l'Homme, pour dénoncer une "loi liberticide".
"On ne peut pas prendre toute la misère du monde", avait déclaré Emmanuel Macron dimanche soir. "Nous sommes face à un phénomène migratoire inédit" et le droit d'asile, auquel il est "attaché", est "respecté", avait-il aussi affirmé.
La France a enregistré plus de 100.000 demandes d'asile l'an dernier, soit une hausse de 17,5 % par rapport à 2016.