La quasi totalité des députés d'opposition, de droite et de gauche, ont quitté mercredi après-midi l'hémicycle de l'Assemblée en pleines questions au gouvernement pour protester contre une réponse de Nicole Belloubet sur le droit d'amendement en vue de la réforme des institutions.
Avec la limitation du droit d'amendement, "vous allez priver les parlementaires d'un droit d'expression" et "nous ne pouvons pas accepter que l'opposition soit muselée", "nous ne voulons pas être les muets du sérail" car "les oppositions bâillonnées, ce serait le peuple bâillonné", a lancé le LR Philippe Gosselin dans sa question à la ministre de la Justice.
La réponse de Mme Belloubet, qui a notamment jugé qu'"il ne faut pas confondre la norme (le nombre) et le fond (qualité)", a fait bondir les opposants, à commencer par le groupe LR, qui se sont alors levés pour quitter l'hémicycle, suivis par les élus d'autres groupes, notamment ceux de gauche, mais aussi par les FN.
"Condescendance, mépris et irrespect vis à vis du Parlement: les oppositions quittent l'hémicycle! On nous avait promis le dépassement des clivages, ils ne font que sectarisme et bâillonnement des contre-pouvoirs!", a tweeté Damien Abad, vice-président de LR.
Devant la presse, Daniel Fasquelle (LR) a plaidé que "ce n'est pas au gouvernement de juger de la qualité d'un amendement. Quelle incroyable suffisance de l'exécutif". Et le chef de file des députés socialistes et futur patron du PS Olivier Faure a renchéri: "on ne peut pas avoir de limitation du droit d'amendement".
Evoquant "un comportement de potaches qui ont voulu faire un incident", le président du groupe majoritaire LREM Richard Ferrand a déclaré que l'expression de la ministre "c'est peut-être maladroit, mais c'est tellement vrai".