Et si Facebook et Google nous rémunéraient pour les data que nous leur livrons ? Nos journalistes et des experts répondent en vidéo à vos questions. https://is.gd/C9kfqY
L'insurrection républicaine à Paris en 1848, l'instauration de la République socialiste de Russie en 1918, la révolte de mai en 1968... Et 2018 ? Ce pourrait être l'année du réveil brutal et soudain de la conscience de l'Homo connecticus, qui, apparu il y a un peu plus de vingt ans, compte aujourd'hui plus de 3,8 milliards de représentants sur Terre... La revendication de notre insurgé du XXIe siècle ? La récupération de ses données personnelles, dont les très puissants Gafam – Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft en tête (mais aussi tous les autres sites Internet) – nous dépouilleraient en toute impunité.
Ces données enregistrées, dont le nombre double tous les trois ans, disent tout de notre vie : la musique que l'on écoute au réveil ou qui nous berce avant de dormir, la marque de céréales que nous achetons pour nos enfants, le fait que l'on baisse le son (ou qu'on le monte...) lorsqu'on entend une interview de François Bayrou en podcast, le nombre de kilomètres courus dans le week-end, le nom de la voiture de nos rêves dont nous avons vu la vidéo 14 fois en moins de vingt-quatre heures, la fréquentation ou non des sites de rencontres, etc. Il a été enregistré plus de data en 2017 que sur les 5 000 dernières années, selon Art Landro, le PDG de Sencha.
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Jusqu'à très récemment, il semblait que le citoyen-consommateur-internaute, immature, ignorant ou tout simplement consentant, ne s'émouvait guère de cette intrusion dans sa vie privée. Débarquant sur la page d'accueil d'un site quelconque, il ne réfléchissait pas plus d'un quart de seconde avant d'accepter les conditions d'utilisation et de cliquer sur « Ok, j'ai compris » quand la petite fenêtre qui s'affiche en bas de l'écran assène la phrase type : « Ce site Internet utilise des cookies ». Selon une étude de l'université Carnegie Mellon, un Américain moyen signe près de 1 500 documents de « conditions d'utilisation » par an, ce qui correspondrait (s'il les lisait réellement) à 76 jours de lecture ! Pour les sites Internet, cette phrase est le sésame qui permet de transmettre l'information à des annonceurs pour mettre au point des publicités ciblées ou de la revendre à des tiers...