Lever des fonds : les conseils de Nicolas Dessaigne co-fondateur de la startup Algolia

2017-06-09 74

Nicolas Dessaigne, CEO d'Algolia était dans les locaux de Laval Mayenne Technopole pour partager son expérience avec les entrepreneurs accompagnés.

"En tant qu'entrepreneur, une chose super importante ce n'est pas uniquement de choisir le fonds ou l'argent mais de choisir la personne avec qui on veut travailler. Pour cela, comme les fonds vont faire des "due diligence" sur nous, c'est-à-dire creuser le côté légal, le côté financier, ils vont faire du "back channel" sur nos clients, appeler des clients pour leur demander ce qu'ils pensent de nous.
Donc il faut faire la même chose vers eux et pour un entrepreneur ça veut dire quoi ? ça veut dire appeler les fondateurs des boîtes dans lesquelles ils ont investis et particulièrement les "partners" avec qui on va travailler.
Il ne faut pas s'arrêter au "front channel", ne pas s'arrêter aux intros qu'ils nous font, bien sûr ils nous font des intros, s'ils ne veulent pas nous introduire à quelqu'un de leur portfolio, c'est alerte rouge, c'est qu'il y a un problème.
Et même s'ils le veulent bien, c'est toujours intéressant d'aller en chercher. Réussir à rentrer en contact avec eux c'est relativement facile, et leur demander ce qu'ils pensent de leur "VC". Le mieux c'est de trouver des boîtes qui n'ont pas marché parce que un fonds quand ça va bien tout va bien, ce qui est intéressant, dans la vie d'une boîte il y a toujours des hauts et des bas, ce qui est intéressant c'est de regarder les boîtes où il y a beaucoup de bas car c'est là où on voit vraiment la valeur du "VC". C'est là où on voit vraiment à quel point ils vont être supportifs pour la boîte. Donc il faut trouver tous ces gens-là, les appeler, et c'est comme ça qu'on en apprend plus sur les gens avec qui on va travailler. C'est pire qu'un mariage, on ne peut pas divorcer, ils ont des parts dans la boîte, ils seront toujours là. Donc il ne faut pas prendre cela à la légère.
Toute la partie Levée de fonds, c'est toi qui t'en charge chez Algolia ?
Julien m'aide beaucoup, on fait cela à deux, c'est super collaboratif, mais c'est moi qui passe, quand il y a beaucoup de temps à passer c'est moi qui passe le temps.
Tu passes combien de pourcentage de ton temps ?
Quand on est en vrai levée de fonds, je dirai pas 100% mais pas loin, au moins deux tiers du temps, est lié d'une façon ou d'une autre à la levée de fonds, donc c'est vraiment "time-consuming". Alors quand on a une équipe solide derrière ce n'est pas un souci mais si la boîte n'avance pas sans nous là c'est dangereux. Hors levée de fonds, ça prend aussi du temps, alors ça prends du temps parce qu'il y a la gestion des investisseurs existants.
Mais là c'est plus, ce n'est pas du temps levée de fonds, c'est plutôt la gestion de la boîte et comment elle est "leverager" et comment ils peuvent nous aider, et c'est intéressant pour la gestion des relations avec les investisseurs, et après on rentre tout de suite en phase de "nurturing" des prochains, la prochaine levée peut être dans quelques années, ça dépend des boîtes, dans un an, dans trois ans, cinq ans, je ne sais pas mais c'est intéressant de garder cette relation. Il faut entretenir ces relations, et on a une chance inouïe de notre côté là c'est qu'on travaille avec beaucoup de startups aussi qui sont dans les portfolios de ces investisseurs donc en fait on est très visibles.
On est artificiellement beaucoup plus visible que beaucoup d'autres boîtes puisqu'ils entendent parler de nous tout le temps et du coup ils sont intéressés. Ils veulent toujours en savoir plus donc du coup c'est beaucoup plus passif pour moi que actif.
Je ne prends pas énormément de temps à réfléchir à qui je devrai contacter. Non par contre je suis contacté, et l'idée, c'est que je vais passer une à deux heures pas semaine entre les coups de fil, les meetings, en moyenne je dirai deux heures par semaine, et à chaque fois c'est pareil, c'est jamais de slides, c'est juste raconter l'histoire, donner quelques chiffres, où on en ait ? Ils prennent des notes, on se revoit 6 mois plus tard, ils voient que ça a progressé, ça les intéresse. Et l'idée c'est de faire monter un peu la sauce jusqu'au moment où on a besoin d'eux et pendant ce temps là on peut se servir d'eux, pas négativement mais si la boîte marche bien, ils ont envie d'être vus positivement par la boîte. Et donc ils vont vouloir nous aider et donc on peut essayer un peu, tiens dans mon portfolio j'ai cette boîte là j'aimerai bien leur parler pour avoir une intro. Un peu de business développement, on est toujours un peu en train de recruter car le plus difficile pour nous c'est le recrutement, et donc parfois ils peuvent nous envoyer une intro à des gens qui peuvent être qualifiés pour ce que l'on cherche, notamment, au niveau exécution, ça ils le font très peu car ils ont des boîtes, comme toutes les boîtes recrutent ils vont avoir des boîtes de leur portfolio qu'ils vont privilégier. - interview à suivre dans la vidéo !