Peut-on aller jusqu'à parler de "guerre froide" pour caractériser le climat qui règne sur la WTA depuis le retour de Maria Sharapova sur le circuit à Stuttgart fin avril ? La Russe revient après avoir été suspendue quinze mois après un contrôle antidopage positif au Meldonium lors de l’Open d’Australie 2016 et elle a reçu un accueil glacial. Mais pourquoi évoquer une "Guerre froide" ? Tout simplement parce que, entre "guerre des mots" et "guerre de l’image", deux conceptions du sport s’affrontent au gré de déclarations médiatiques pour emporter l’opinion. Il y a les "pour", il y a les "contre." Sans tomber dans la caricature, il y a les tenants d’une conception morale et éthique, face aux tenants d’une vision pro-business du sport qui s'affrontent. L'enjeu est aussi géopolitique dans un contexte où le sport russe fait régulièrement l'objet de scandales liés au dopage. Une "guerre d'influence" qui semble nourrir la "bataille du 'soft power'" à l'échelle internationale. Autrement dit, le sport utilisé comme "moyen d'influence" par un État, à travers le rayonnement de ses athlètes face à ses concurrents internationaux. Une bataille de l'image remise au goût du jour dans le sport, matérialisée désormais par épisodes sur les courts de tennis du monde entier. En témoignent les deux dernières batailles qu’ont livrées Kristina Mladenovic (3-6, 7-5, 6-4) à Stuttgart le 29 avril et Eugenie Bouchard à Madrid (7-5, 2-6, 6-4) ce lundi 8 mai pour éliminer la Russe, qui bénéficiait à chaque fois d’une wild-card pour participer à ces deux tournois. Point commun entre les deux joueuses française et canadienne : elles avaient clairement et publiquement pris position contre le retour de Maria Sharapova, chacune la qualifiant notamment de "tricheuse" avant de l’affronter. Aux paroles hostiles, se sont alors ajoutés les actes : une grande détermination pour battre la Russe avec dans les deux cas une victoire en trois manches après un hargneux combat. Interrogée à Madrid à l'issue de sa victoire (vidéo ci-dessous), Eugenie Bouchard en a remis une couche. La Canadienne a avoué qu'elle avait reçu "de nombreux textos et soutiens de joueurs, joueuses, directeurs de tournois", ce qui l'avait "inspirée et motivée encore plus", comme elle l'a confié au micro de Tennis Actu.