Nice, le Bataclan, Charlie Hebdo. En 18 mois, la France a été la cible de trois attaques massives, qui ont fait plus de 230 morts et des centaines de blessés. Des attentats à chaque fois revendiqués par des groupes djihadistes, l’Etat islamique en tête, qui a attiré plus de 1.000 Français, partis combattre dans ses rangs, en Syrie et en Irak.
La France est en guerre contre le “terrorisme djihadiste”. Ses avions, qui constituent la deuxième force au sein de la coalition internationale, conduite par les Etats-Unis, multiplient les frappes contre des positions de Daech. Des centaines de cibles ont été détruites.
Hormis en Syrie et en Irak, l’armée française combat aussi les groupes djihadistes en Afrique, frappée également par le terrorisme, à l’image des attentats qui ont endeuillé cette année Ougadougou, au Burkina Faso, et Grand-Bassam en Côte d’Ivoire.
“La France est certainement le pays européen qui a été le plus exposé, en terme de politique étrangère, en terme de déploiement de troupes dans d’autres pays, en particulier des pays musulmans”, explique Peter Neumann, professeur au King’s College de Londres et directeur du Centre international pour l‘étude de la radicalisation.
Pour cet expert, les attentats menés en France sont motivés par la haine d’un pays accusé, par les djihadistes, de propager une forme d’islamophobie.
“Quand vous écoutez ce que les extrémistes disent des pays européens, c’est toujours la France qui ressort en tête. Ils haïssent la France, car ils la voient, pas seulement comme une nation de croisés, comme beaucoup d’autres pays européens, mais comme une nation avec un programme explicitement anti-islam.”
Dernière victime des attentats, la ville de Nice est particulièrement concernée par l’islamisme radical. Plus de 230 personnes étaient sous surveillance à la fin de l’an passé.
Yasmina Touaibia est docteur en sciences-politiques à Nice : “Le département des Alpes-Maritimes est l’un des premiers pourvoyeurs de djihadistes en France. Et la raison est simple : le sud de la France, comme la région parisienne, comme la région lyonnaise, ont été des territoires où se sont implantées des arrières bases de soutien, par exemple au Front islamique du Salut (FIS) et au Groupe Islamique armé (GIA) dans les années 1990.”
L’auteur de l’attentat de Nice semble présenter un profil inédit. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel était inconnu des services de renseignement. L’enquête a révélé qu’il portait un “intérêt certain” mais “récent” pour la “mouvance islamiste radicale” et qu’il avait prémédité son geste. Mais avait-il des liens réels avec le groupe Etat islamique ? L’enquête tentera de le déterminer.