Antoine Chevrier Noël 1856 - Noël 2016 :il connait la situation des gens du quartier : écrasés par de mauvais travaux

2016-12-26 41

Dans la nuit de Noël 1856, un jeune prêtre lyonnais, vicaire dans la banlieue ouvrière de la Guillotière, médite devant la crèche de son église... il est à mille lieues des contes pour enfants avec méchant aubergiste et gentils bergers... il connait la situation des gens du quartier : écrasés par d'épouvantables conditions de travail qui leur procurent à peine de quoi survivre, ils viennent de subir de terribles inondations auxquelles leurs maisons de pisé n'ont pas résisté... au milieu de tant de misère leur souhaiter la bouche en cœur un Joyeux Noël serait s'évader du réel, et pour le coup, se faire diffuseur de l'opium du peuple...
Antoine Chevrier comprend qu'il n'y a qu'un seul moyen d'annoncer la Bonne Nouvelle de Noël, c'est celui qu'a pris Jésus. Je me disais, poursuit-il, que le Fils de Dieu est descendu sur la terre pour sauver les hommes. Et cependant que voyons-nous ? ... Les hommes ne le savent pas, ils ne prennent pas conscience de l'incroyable message d'amour et d'espérance qu'apporte la naissance de cet enfant à Bethléem … Le Fils de Dieu vient partager notre condition d'homme pour manifester à ses risques et périls (il y laissera la vie) à quel point nous sommes aimés et nous continuons à nous entre-tuer, à exploiter les plus faibles, à refuser la fraternité...
Je me suis donc décidé à suivre Notre Seigneur Jésus Christ de plus près, écrit Antoine... le suivre tout particulièrement dans sa pauvreté, pour pouvoir témoigner plus efficacement de la lumière qu'il est venu apporter...
Il ne s'agit pas simplement de dire, de parler, de faire des discours bien construits sur l'ineffable mystère du Dieu qui vient partager la condition des plus petits... tout cela le vicaire de la Guillotière le fait déjà et il continuera à le faire, mais il s'agit d'abord de le vivre
Et donc il faut connaître non pas le Jésus que j'imagine, que je désire, le solutionneur de mes embrouilles, mais connaître Jésus comme le Vivant qu'il est, travailler l'évangile pour retrouver au-delà des mots imprimés sur les pages, la tendresse et l'exigence de sa Parole. Voir qu'il ne vient pas d'abord édicter des valeurs que certains enfourchent allégrement comme des chevaux de bataille pour faire le tri entre les bons (ceux qui y adhèrent) et les autres... Jésus vient d'abord rencontrer des personnes et en priorité celles qui sont exclues, jugées, les publicains et les pécheurs, les lépreux, les malades, les mendiants, les prostituées... Il rencontre des personnes et non pas des cas :
Et ceci, dès sa naissance justement, les bergers, les premiers visiteurs de la crèche ne sont pas de gentils pastoureaux enrubannés, mais de pauvres salariés, mal payés, mal considérés, tenus à l'écart des lieux de culte à cause de leur crasse et de leur odeur... Il ne vient pas à eux avec des cadeaux pleins les bras, qui pourront leur être utiles pour s'en sortir un peu et atteindre un niveau de pauvreté acceptable...