Aucune revendication n’était signalée, en milieu de matinée vendredi, mais François Hollande, dans la nuit, avait indiqué que « la nature terroriste de l’attaque ne peut être niée ». C’est évidemment à Daech qu’on pense d’abord. D’autant que plusieurs fois, son porte-parole avait appelé à frapper de cette manière.
Les services de renseignement ne connaissent pas le franco-tunisien dont les papiers d’identité ont été retrouvés dans le camion fou de la Promenade des Anglais. Rien ne permet de dire pour l’instant qu’il avait un lien quelconque avec la religion, le jihad, et moins encore avec Daech.
Mais ce qui s’est passé jeudi soir rappelle plusieurs appels aux meurtres envoyés par l’organisation terroriste, notamment par son porte-parole Abou Mohamed al-Adnani, que les autorités américaines ont annoncé avoir tué il y a quelques jours.
Omniprésent sur les réseaux sociaux depuis plusieurs années, le porte-parole de Daech a commencé à viser plus précisément la France en septembre 2014. Le 21, en réaction aux frappes de l’aviation française en Irak, il publie une longue vidéo de 42 minutes, dans laquelle il est très clair : « Si vous pouvez tuer un infidèle américain ou européen – surtout un méchant et dégoûtant français – ou un australien ou un canadien (…) remettez-vous en à Allah et tuez-le de quelque manière que ce soit. »
Appelle à l’attentat de masse : Il insiste, appelle à l’attentat de masse, à l’aide d’armes lourdes ou d’explosifs, mais va plus loin : « Si vous ne pouvez pas trouver d’engin explosif ou de munitions, isolez l’Américain infidèle, le Français infidèle (…), écrasez-lui la tête à coups de pierre, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture… »
C’était le début d’une campagne appelant les candidats djihadistes à ne plus aller rejoindre Daech en Syrie ou en Irak, mais à frapper directement en occident, dans les pays d’origines de ceux, notamment, qui sont membres de la coalition internationale qui combat les terroristes.
Dans la revue Inspire, organe de propagande de Daech, le même al-Adnani détaillait l’an dernier un autre mode d’attaque, qui résonne douloureusement aujourd’hui : « Utilisez un camion comme une tondeuse à gazon. Allez dans les endroits les plus densément peuplés et prenez de la vitesse pour faire le maximum de dégâts. Si vous avez accès à une arme à feu, utilisez-la pour finir le travail. »
C’est exactement ce qui s’est passé ce jeudi soir à Nice. Mais déjà en mai 2013, à Londres, deux hommes avaient renversé un soldat anglais avec leur voiture, avant de le tuer à coups de couteau, et en octobre 2014, à Montréal, un homme avait jeté sa voiture sur trois militaires, en tuant un. Ces deux fois, les auteurs étaient présentés comme des djihadistes.