Dès ses débuts, il a endossé le costume de trublion du gouvernement. Emmanuel Macron vient de lancer «En Marche !», un nouveau mouvement politique ni de droite, ni de gauche, clame celui qui n’est plus encarté au Parti socialiste depuis plusieurs années.
Un contre-pied libéral au gouvernement. Mais ce n'est pas une première. Depuis sa nomination au ministère de l’Economie en août 2014, l’ancien banquier d’affaires de Rothschild a multiplié les piques et dérapages contrôlés, irritant ses collègues du gouvernement. Florilège.
Les 35 heures, à garder mais à assouplir. C’est un peu son antienne, son refrain à lui qu’il aime répéter pour provoquer ses camarades de gauche. Macron a pris pour habitude d’esquinter, de façon à peine voilée parfois, cette mesure phare de la gauche plurielle. En novembre 2014, devant les députés, il regrettait que les 35 heures fassent croire aux investisseurs étrangers que « les Français ne voulaient plus travailler ». En août 2015, à la veille de l’université d’été du PS, il affirmait : «On a répandu des idées selon lesquelles la France pourrait aller mieux en travaillant moins, c'était de fausses idées.» Une déclaration, qui lui avait valu un recadrage de Manuel Valls, d'autant plus mal prise qu'elle a été prononcé devant le gotha du patronat réuni à luniversité d'été du medef. Ce qui n’a pas empêché l’ancien secrétaire adjoint de l’Elysée de revenir à la charge en janvier 2016. Invité au forum de Davos, le ministre lançait à la presse étrangère : «Les salariés doivent pouvoir travailler plus, sans être payés plus si les syndicats majoritaires sont d'accord».
Les fonctionnaires dans le viseur. A la rentrée 2015, Emmanuel Macron s’en prenait aux fonctionnaires, dont, selon lui, le statut n’était «plus adéquat» et «plus justifiable compte tenu des missions». François Hollande avait très vite réagi rappelant un statut auquel il était «attaché». Quelques mois plus tard, le ministre récidive. «Je pense qu'il faut accroître la part de mérite, la part d'évaluation, dans la rémunération de la fonction publique», glissait le ministre un matin de novembre 2015 sur Europe 1. S’empressant d’ajouter qu’il s’agissait là «d’une conviction personnelle». Des sorties qui ont fini par agacer Martine Aubry notamment. La maire de Lille évoquait alors un «ras-le-bol» de Macron.
Les valeurs de la gauche chahutées. Oui, c’est un libéral. Il le dit et l’assume. Concernant l’ouverture des magasins le dimanche, Emmanuel Macron défendait en décembre 2014 : «C'est une loi qui redonne des droits. Une loi de progrès. La liberté, c'est une valeur de gauche». Un an plus tard, dans une interview au «Parisien magazine», le ministre offrait une petite leçon d’histoire à ses détracteurs : «J’assume d’être libéral. Je rappelle que, historiquement, le libéralisme est une valeur de gauche, de défense de l’égalité des droits.» Et d’enfoncer le clou dans une interview au «Monde» en novembre 2015 : «L’Etat a sa place mais il en a trop pris».
Trop proche des entreprises ? «La vie d'un entrepreneur est souvent bien plus dure que celle d'un salarié. Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties», affirmait-il en janvier dernier, provoquant une réaction presque épidermique des internautes et de ses adversaires politiques. Très vite, il tentait de clore la polémique et rectifiait six jours plus tard : «J'ai juste voulu dire : "il faut arrêter de penser qu'il y a des patrons d'un côté et les salariés de l'autre"».
Les «illettrés de chez Gad». Dès septembre 2014, ses cartons à peine déballés à Bercy, Macron dérape et commet une maladresse en qualifiant les salariées de la société d’abattoirs bretons GAD d’«illettrées». Une première gaffe qui avait emballé les réseaux sociaux. Elle sera suivie des nombreuses provocations de ce ministre qui n'aura cessé de prendre son camp à contre-poil.