Des centaines de Tibétains en deuil ont participé dimanche à une procession funéraire en hommage à un adolescent tibétain mort après s'être immolé par le feu .
Un adolescent tibétain de 16 ans, Dorje Tsering, s'est immolé par le feu lundi dernier à Dehradun, dans le nord de l'Inde, pour protester contre la domination de Pékin sur la région himalayenne.
Malgré des brûlures sur 95% de son corps, il a survécu à ses blessures et été hospitalisé à Delhi. C'est là qu'il est décédé jeudi.
«J'étais profondément déterminé à faire quelque chose pour le Tibet depuis mon enfance», a-t-il déclaré avant de mourir, dans une vidéo le présentant sur son lit d'hôpital, ses propos étant traduits par Free Tibet. «Je pensais qu'il n'y avait rien d'autre à faire que de m'immoler par le feu, parce qu'une immolation par le feu permet de choquer les gens», a poursuivi l'adolescent, contraint de s'exprimer à travers un masque à oxygène.
Après sa mort, sa dépouille a été transportée à Dharamsala, où vit le dalai lama, chef spirituel des Tibétains, depuis sa fuite du Tibet en 1959. A McLeodganj, siège du gouvernement tibétain en exil, dans la banlieue de la ville, des centaines de Tibétains ont assisté à une séance de prières, avant de participer à la procession funéraire et à la cérémonie de crémation.
«Les jeunes Tibétains ne doivent pas s'immoler, ils doivent étudier et travailler pour le Tibet»
La mère de la victime, Nyima Yangkyi, a appelé les jeunes Tibétains à ne pas suivre l'exemple de son fils et à se concentrer sur leur éducation. «Mon fils a considéré que l'immolation était son dernier recours, mais les jeunes Tibétains ne doivent pas s'immoler, ils doivent étudier et travailler pour le Tibet», a-t-elle dit dans une vidéo publiée par le site Voice of Tibet.
L'adolescent est le huitième Tibétain à avoir mené une telle action à l'extérieur de la Chine. Lundi un moine tibétain en Chine est mort après son immolation dans une zone tibétaine de la province de Sichuan (sud-ouest du pays). Il était le premier à périr d'un tel geste cette année en Chine, selon Radio Free Asia, financée par le gouvernement américain. Tandis qu'il brûlait, le moine «a appelé à la complète indépendance du Tibet», selon une source anonyme citée par la radio Radio Free Asia.
Pékin déclare que son armée a procédé à la «libération pacifique» du Tibet en 1951 après la guerre civile chinoise, et souligne avoir apporté le développement économique à la région et la liberté aux anciens serfs autrefois soumis au clergé. Mais de nombreux Tibétains accusent le gouvernement central de répression religieuse et culturelle, dénonçant la mainmise des autorités chinoises sur les ressources naturelles locales. Des dizaines de milliers de réfugiés tibétains vivent en exil en Inde, dans des camps dont le principal se trouve dans l'Etat du Karnataka. Leur présence et celle du dalai lama sont l'un des motifs de tension dans les relations entre Inde et Chine.