Les fonds des Archives départementales, issus pour l’essentiel des versements de dossiers administratifs produits par les administrations et services publics présents sur le territoire du département, recèlent de nombreuses photographies, totalement ignorées et méconnues.
Ces images permettent de mettre un visage sur une personne recherchée, d'inventorier les rues d'un quartier promis à la démolition ou de reconstituer la scène d'un crime.
Toutefois, au-delà de cette fonction de constat, ces pièces peuvent aussi être réexaminées, plusieurs décennies après, et être « revisitées » pour s’offrir au regard du citoyen du XXIème siècle. Le photographe Mathieu Pernot a donc été sollicité pour appréhender ces fonds divers et proposer sa vision de ces documents, à travers différents parcours thématiques. Les documents sont exposés dans l'état dans lequel ils sont conservés.
Les images exposées à Marseille proviennent de fonds différents (cabinet du préfet, sûreté générale, office régional de placements, affaires scolaires, fonds privés, etc.). Elles dressent
un portrait protéiforme d'une ville portuaire méditerranéenne et interrogent un registre large de la pratique photographique documentaire.
Cinq grands ensembles vont structurer l'accrochage:
La figure de l'individu : qu'il soit immigré, surveillé, suspecté ou recherché par sa famille, la figure de l'individu est récurrente dans les fonds d'archives. Ici la photographie consiste bien souvent en un portrait d'identité accroché dans un coin de la fiche qui le décrit. L'image se résume à un visage cerné par des écritures.
Le groupe : photographies de classe, orphelins de la guerre, ouvriers travaillant à l'usine, syndicalistes défilant sous les yeux des services des renseignements généraux, etc. L'image
du groupe répond à des règles établies, liées à la nature de son activité.
La ville en transformation : les Archives départementales possèdent des fonds remarquables sur la ville de Marseille montrant à la fois la cité ancienne avant les transformations ainsi que les travaux importants qui ont transformé la ville (reportage d’Adolphe Terris sur le percement de la rue Impériale par exemple). Ces images renvoient bien souvent à des oeuvres connues de l'histoire de la photographie.
Le port : figure incontournable, le port est un lieu qui semble concentrer l'ensemble des enjeux et des thématiques cités ci-dessus. Il constitue une frontière, une limite, l'arrivée
autant que le départ.
L’horizon : des ensembles de vues aériennes et lignes d'horizon marqueront la fin de l'exposition. Cette fois, les images sont très peu légendées et tendent vers une forme d'abstraction. Les photographies semblent s'échapper de leur fonction documentaire et informative au profit d'une vision simplement poétique et plastique