Libération du 23 octobre 2007 :
Volontiers ironique et toujours souriant, Arnaud Lagardère ne s’est pas démonté. Il a remercié un représentant français d’un syndicat de petits actionnaires, pour lui avoir demandé «de prendre du champ». «La formule est poétique», a-t-il souri, sans pour autant s’avouer vaincu. «Tant que le groupe Lagardère sera actionnaire d’EADS, je resterai, a martelé Arnaud Lagardère, l’héritier de Jean-Luc Lagardère, l’un des principaux fondateurs du groupe, décédé brutalement en 2003. Je ne lâcherai rien, je me souviendrai de tout et je ne partirai pas, je vous le dis avec fierté». La salle, bien remplie, a clairement manifesté son manque de confiance. «Nous devons être sûrs que personne ici n’a trempé dans un délit d’initié», a souligné Errol Coenen, un représentant de l’Association des investisseurs néerlandais (VEB). «Nous ne ferons pas de commentaires sur une question traitée par la justice», a répondu Arnaud Lagardère. «Pouvez-vous nous garantir, a insisté Errol Coenen, sans obtenir de réponse, qu’aucune prime de départ ne sera touchée par les directeurs actuels, tant que leur innocence n’aura pas été prouvée ?» Très fâché, un actionnaire allemand a froidement sermonné les dirigeants d’EADS, opposant leur «culture de l’argent» à la «morale catholique».
Face à l’insistance des petits porteurs, Arnaud Lagardère a déclaré: «Très franchement, au fond des yeux, il n’y a pas eu de délit d’initié. Nous n’avons pas eu d’informations que d’autres personnes n’auraient pas eues. Lagardère a vendu des parts d’EADS en 2006 pour des raisons patrimoniales : EADS représentait 40 % de mon entreprise, pour moi ce n’était pas supportable. Je n’ai pas vendu par acte de défiance – sinon j’aurais tout vendu – mais en accomplissant un acte de gestion».
http://www.dailymotion.com/playlist/x6px0_Ptite_Mule_laffaire-eadsairbus