Vanity Fair : Guillermo del Toro a un tel univers visuel qu’il est souvent plus important que l’histoire ou les personnages eux-mêmes. Est-ce votre impression de « Crimson Peak » ?
Pas du tout. J’ai surtout senti que c’était une histoire qui tournait autour ces quatre personnages principaux. Mais Guillermo a une telle imagination que sa façon d’y inclure ses personnages est formidable.
Vanity Fair : Comment jouez-vous l’horreur pour Jim Jarmush dans « Only Lovers Left Alive » et pour Guillermo del Toro ?
Je n’ai jamais vraiment vu ces deux films comme des films d’horreur, mais plutôt comme des love stories. J’y joue deux très différents types d’amants. Dans « Only Lovers Left Alive », mon personnage était un mélange de tous les personnages que Jim et moi aimions bien : il est musicien, poète, une brute mélancolique intense, mais il est avant tout un artiste… qui se trouve être un vampire. Pour Guillermo del Toro, Thomas Sharpe est un anti-héros romantique qui se présente comme un personnage typique de Byron. Il est élégant, charismatique, mystérieux, comme Edward Rochester, Heathcliff ou Darcy. Mais derrière cette façade, il y a une culpabilité et une honte à propos de secrets de son passé. Et même sous cette couche, Edith – le personnage de Mia Wasikowska – arrive à y voir de la vulnérabilité. Lui découvre une nouvelle sorte de courage.
Vanity Fair : Ces références littéraires classiques étaient-elles une source d’inspiration ?
Bien sûr. Et Guillermo del Toro m’a aussi dirigé vers des romans gothiques, comme « Les Mystères d'Udolphe » d'Ann Radcliffe, « Le Château d'Otrante » de Horace Walpole, « Jane Eyre », « Les Hauts de Hurlevent » ou même de « La Chute de la maison Usher » d'Edgar Allan Poe… Il a construit un contexte gothique pour que je puisse rentrer dans son monde.
Vanity Fair : Loki, Thomas Sharpe… Vous jouez souvent des méchants qui n’en sont pas vraiment.
Je vois Loki et Thomas Sharpe comme deux personnages très différents. Loki est conscient qu’il est mauvais. Il aime créer le chaos, il est malin. Thomas Sharpe est totalement différent, il n’a pas conscience que sa vie est si chaotique. Il se bat pour sa liberté et il n’y a aucun mal en lui. Il est tenu prisonnier par ses secrets et par la relation malsaine qu’il entretient avec sa sœur. Il est tiraillé entre son passé et son futur. Il veut être meilleur. Je ne pense pas que Loki tienne à devenir quelqu’un de meilleur.
Vanity Fair : Vous pensez pouvoir tout jouer ?
Je l’espère, on verra ! Il y a plein de choses que je n’ai jamais fait. En tant qu’être humain, nous sommes tous capables de tellement de choses, du meilleur comme du pire. J’aime m'amuser avec cette palette. J’aimerais jouer dans une comédie ou dans un thriller d’action. Je suis simplement intéressé par les gens et je veux faire le maximum.
Vanity Fair : Guillermo del Toro aime réutiliser les mêmes acteurs de films en films. Aimeriez-vous travailler avec lui encore ?
J’adorerais ! Il a cette incroyable et infectieuse passion pour le cinéma. Il est aussi capable de faire des choses totalement différentes, comme « Crimson Peak » ou « Pacific Rim », que j’ai adoré. Ça a réveillé le petit garçon en moi, dans son bain avec ses jouets. J’adorerais travailler à nouveau avec lui, c’est un homme bien et un grand réalisateur.