Nouveau rebondissement dans l'affaire Kerviel. «Mediapart» a dévoilé dimanche les déclarations d'une commandante de police, Nathalie Le Roy, au juge d’instruction Roger Le Loire. Cette dernière, en charge de l'enquête sur les pertes de la banque début 2008, a affirmé que ses investigations l'avaient conduite à «la certitude» que la «hiérarchie» de Jérôme Kerviel «ne pouvait ignorer» les agissements de son trader. «J'ai le sentiment d'avoir été instrumentalisée par la banque… C'est la Société générale qui a m’a dirigé tous les témoins», a-t-elle ajouté.
Dans un communiqué envoyé dans la nuit de dimanche à lundi, la Société générale «s'étonne» de ces révélations. «L'affaire liée aux agissements frauduleux de Jérôme Kerviel remonte maintenant à plus de sept ans et a fait l'objet de plusieurs décisions de justice qui ont toutes reconnu la culpabilité pénale exclusive de Jérome Kerviel», précise la banque.
Un rebondissement auquel plusieurs élus ont tenu à réagir lundi matin. A commencer par le porte-parole du gouvernement, Jean-Marie Le Guen, qui évoque sur i-Télé un «feuilleton qui semble passionner un certain nombre de gens». «Je ne suis pas sûr que ce soit une histoire dont on puisse tirer des leçons très importantes pour le fonctionnement de notre société», a ajouté secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement. Le député UMP Georges Fenech estime pour sa part qu'il s'agit d'un «malaise». «L'opinion générale doit se demander : "Est ce qu'un trader peut engager la survie d'une banque aussi importante ?"»
De son côté, Julien Bayou soutient Jérôme Kerviel, assurant qu'il «est inimaginable qu’[il] soit à 100% responsable». Le conseiller régional d'Île-de-France précise que si «la Société générale est en partie responsable», alors «toute l'affaire explose». Un soutien partagé par Alexis Corbière. L'ancien conseiller de Paris tranche. «Est-il crédible que quelqu'un prenne des positions pour 5 milliards d'euros, sans que la hiérarchie soit au courant ? Nous ne croyons pas.»
Le trader était condamné à une peine de trois ans de prison ferme pour avoir fait perdre des sommes gigantesques en prenant des positions hasardeuses sur les marchés sans en informer sa hiérarchie. Jérôme Kerviel a toujours admis ses erreurs, tout en niant sa responsabilité dans cette affaire. «Je considère que je ne suis pas responsable», avait déclaré le trader de 38 ans le lundi 4 juin 2012 lors de l'ouverture de son procès en appel.