: Père Bernard Heudré: L’odeur des brebis
Cette expression, je l’emprunte au Pape François qui l’utilise volontiers pour inviter les pasteurs de l’Église à être proches des fidèles, dans une présence où la communion s’établit tant au plan humain que spirituel.
Mais n’allons pas nous imaginer que cette communion, nous allons la réaliser au prix de notre seule énergie. Il y a un Pasteur, un seul Pasteur par excellence, le Christ. Les autres ne le sont que par don, et avant d’être pasteurs, ils sont aussi brebis, partageant la commune humanité que nous sommes tous appelés à habiter et vivant du même baptême.
Je vais vous faire une confidence. Il y aura bientôt quarante-cinq ans que je suis prêtre. Ce don reçu du Christ, je l’ai également reçu de tous les fidèles laïcs qui m’ont été confiés. Ce don, ils m’ont appris à le recevoir, vous m’apprenez à le recevoir au long des jours.
Mais, j’aimerais revenir sur le mot « odeur », utilisé par le Pape François. Pour sentir une odeur, il faut « avoir du nez », belle expression française. Ce qui suppose que le pasteur mette en œuvre toute sa personne, ses dons et son amour de la communauté pour la découvrir chaque jour un peu mieux.
Mais cela suppose aussi que les brebis aient de l’odeur, que leur vie ne soit pas inodore et sans saveur, bref que leur vie ait pris aussi l’odeur du Christ dont le saint chrême est une image.
C’est ainsi que, dans un véritable échange, nous apprenons à mieux nous laisser traverser, habiter par le Christ, par celui que l’on appelle le Bon Pasteur, que peut-être devrait-on plutôt appeler le Beau Pasteur, pour être fidèle au mot même de l’Évangile. Un Pasteur qui est beau et bon à la fois, il ne peut y en avoir de meilleur.
