En relisant l’Évangile de ce dimanche de la Divine Miséricorde où Jésus apparaissant à ses disciples leur montre ses mains et son côté transpercés, je me suis souvenu d’une image-souvenir consacrée à un Père Jésuite que j’ai eu beaucoup de chance d’avoir pour professeur.
Il avait lui-même préparé cette image avant sa mort qu’il avait vue venir avec une grande sérénité. Il y citait notamment un texte du théologien orthodoxe, Paul Evdokimov : « Mes yeux sont fermés pas Sa main mais elle était percée avant que le monde fût et je vois au travers… Brusquement tout éclate en jets de Lumière. »
Ajouré de cicatrices, le corps du Ressuscité laisse passer le souffle de l’Esprit. Il s’est rendu perméable pour nous accueillir tous.
Jamais nous n’aurons fini d’accueillir en chacune de nos vies la réalité même de la résurrection de Jésus. Par lui, par son corps troué, Dieu nous ménage une place en lui. Il serait complètement stérile de chercher des preuves de la résurrection. Il nous suffit d’aller nous abriter dans ce Dieu qui nous fait place en lui. Alors se lève l’évidence de la lumière et de la vie.
Il nous revient dès lors de laisser habiter en nous la présence toujours disponible du Ressuscité. Et pour cela nous avons deux chemins.
D’abord, participer à la fraction du Pain par laquelle il confectionne le monde. L’Eucharistie est par excellence le moyen que Dieu a choisi pour rendre le monde habitable.
Ensuite, nous laisser toucher, nous laisser traverser par la souffrance du monde, par tous ceux que la vie a blessés. Jésus nous montre ses mains transpercées pour que nous joignions les nôtres aux siennes.