3ème dimanche de Carême

2015-03-08 12

Père Philippe Hebert:« L’amour de ta maison fera mon tourment »
L’épisode de Jésus chassant les marchands du Temple, Matthieu, Marc et Luc le situent à la fin de leur Evangile, au cours des derniers jours de Jésus avant sa Passion. Jean, au contraire, fait le choix de le placer au début, juste après les noces de Cana, au cours desquelles Jésus avait donné le premier signe de la nouvelle alliance. Jean fait donc de cet évènement des vendeurs chassés du Temple, un signe annonciateur de tout ce que Jésus est venu accomplir.
La violence de Jésus surprend ses contemporains. Peut-être nous surprend-elle également. Jésus s’insurge contre le marchandage typique de la prière païenne qui a cours à présent dans le Temple de Dieu. On offre des sacrifices pour s’obtenir les bonnes grâces de Dieu. Il s’agit de faire comprendre au peuple juif que Dieu n’attend pas des hommes qu’ils fassent des sacrifices d’animaux, des holocaustes, mais plutôt le sacrifice de leurs propres personnes, c’est-à-dire le don total d’eux-mêmes pour l’Amour de Dieu et de leur prochain, dans lesquels se résument les commandements de la Loi. C’est déjà ce qu’annonçait l’Ancien Testament : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime alors j’ai dit : ‘voici je viens’ » (Ps 39, 7).
Le geste brutal de Jésus à l’égard des marchands du Temple manifeste aussi une rupture radicale avec les pratiques religieuses de l’ancienne alliance. Les sacrifices anciens, de même que le Temple, n’ont plus lieu d’être, car ils ne faisaient que préfigurer ce que Jésus allait accomplir par sa mort et sa résurrection. Le temps des figures annonciatrices est terminé. Le Temple pourra être détruit, Jésus le relèvera, entièrement renouvelé dans son corps ressuscité, véritable lieu de la communion entre Dieu et les hommes.
La mort et la résurrection de Jésus et le don de l’Esprit Saint réaliseront en plénitude l’espérance de la foi d’Israël. Dans l’ancienne alliance, les juifs ne pouvaient pas entrer en communion avec Dieu. Dieu était présent dans le Temple, mais personne ne pouvait accéder à sa présence. Seul le Grand Prêtre, une fois par an, pouvait franchir le rideau du Sanctuaire et se tenir en présence de Dieu pour implorer le pardon de Dieu pour lui-même et pour le peuple de Dieu. Au moment où Jésus accomplit son sacrifice sur la croix, il rend enfin possible la communion entre Dieu et les hommes, ce que signifie la déchirure du voile du Sanctuaire chez saint Luc (cf. Lc 23, 45).
De son cœur et de son corps déchiré, Jésus répand sur nous l’Esprit Saint et unit chacun de nous au Temple de son Corps. Le Messie crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens, est devenu pour nous puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Puissions-nous au long de ce Carême nous laisser guider par sa puissance et sa sagesse en nous apprêtant comme lui à vivre nous-mêmes notre propre passage en donnant notre vie pour Dieu et pour nos frères.

Free Traffic Exchange