Alors que le cours de l’or ne cesse de grimper, la réalisatrice Claire Moreau montre quelles conséquences la course au métal jaune a sur les populations qui vivent près des gisements aurifères. Un film particulièrement instructif présenté par Carole Gaessler dans Le Monde en face.
La mariée indienne à qui l’on a offert un si joli collier pour ses noces sait-elle tout de l’histoire du bijou qu’elle porte ? Lui a-t-on raconté que le présent qu’elle arbore si fièrement autour de son cou en ce jour de fête a suscité le désespoir de familles entières ? Elle en ignore tout, évidemment. Pour elle, comme pour tous les Indiens, l’or porte chance. Pour elle, comme pour tous les habitants de cette planète, l’or parle de fortune. Mais certainement pas d’infortune.
Et pourtant. En France, en Indonésie et ailleurs, là où les compagnies minières exploitent ce métal si précieux, la terre souffre et, souvent, les hommes meurent. Tumeurs, maladies cutanées ou autres, névralgies, fausses couches…
Les « chercheurs d’or » sèment la désolation. En extrayant l’objet de leurs convoitises des entrailles de la planète, ils déversent dans les sols des poisons extrêmement nocifs : du cyanure notamment, mais aussi de l’arsenic et du mercure. Les entreprises nient farouchement toute responsabilité, mais les coïncidences sont, à l’évidence, troublantes : des traces de contamination sont retrouvées aux endroits mêmes où ont été rejetés les déchets par les mineurs…
Bien sûr, il existe des procédures de bonne conduite, notamment un code international de gestion du cyanure. Mais les compagnies minières ne les appliquent pas. Evidemment, les populations s’indignent et s’insurgent. Cependant ces sociétés prospères ont les moyens de retarder — voire d’empêcher — tout recours légal. En Indonésie notamment, la corruption semble monnaie courante.
Les effets destructeurs de l’extraction de l’or
Au travers de l’exemple de la mine de Toka Tindung, dans la partie nord de Sulawesi, Claire Moreau montre comment, en dépit de la farouche opposition des villageois, les exploitants de gisements aurifères réussissent à s’implanter et à prospérer. Elle détaille également les effets néfastes de l’extraction de l’or sur l’environnement et sur les populations.
Cette description très concrète d’une situation particulière s’élargit bientôt à l’explication du fonctionnement du marché de l’or dans sa globalité. Dans un constant va-et-vient entre le local et le général, la réalisatrice explique comment la « simple » matière première devient, notamment en temps de crise, une valeur refuge. Et comment le jeu de l’offre et de la demande donne à ce métal — dont les réserves s’épuisent — un poids considérable sur les marchés financiers du monde entier.
Les bénéfices que l’or génère semblent faire oublier à ceux qui en profitent toute considération éthiques. Et c’est ainsi que la hausse du cours de l’or à Londres a des conséquences désastreuses à Toka Tindung…