La plupart des 50 000 réfugiés chrétiens et yézidis accueillis dans la banlieue d’Erbil, viennent de Qaraqosh, la dernière grande ville chrétienne d’Irak, occupée depuis août par les miliciens de l’organisation Etat islamique. Dans l’un des 25 camps d’Ankawa, 400 familles de réfugiés chrétiens ont d’abord été entassées dans une salle paroissiale, avant les tentes, puis des baraquements. Mais cela reste un asile de fortune.
“Ce n’est pas une façon de vivre”, explique un réfugié du nom de Moshta. “Nous ne voulons plus vivre comme ça. Nous voulons immigrer, nous tous. Je suis obligée d’aller chercher de l’eau tout (il montre le bâtiment en arrière) là-bas et de la rapporter ici, tous les jours. Mon dos me fait souffrir. Nous ne voulons plus vivre ici”.
A quelques minutes en voiture de là, un immeuble baptisé “espoir” a vu le jour. Il abrite déjà 45 familles de réfugiés chrétiens et yézidis. Les conditions sont meilleures que dans les camps : il y a l’eau chaude, des toilettes. Mais ce que beaucoup voudraient avant tout, c’est retourner chez eux.
“Tout ce que je veux c’est rentrer à Qaraqosh, à la maison, même si tout nous a été volé. Nous voulons retrouver nos maisons, notre religion, nos églises. Ils nous ont délogé de chez nous, nous ont laissé sans vêtements, sans nourriture et sans eau” explique, Michael Karomi, un vieil homme.
Ce sont des artisans qui ont dû fuir Qaraqosh qui ont construit et aménagé ce bâtiment en partie grâce à des fonds d’organisations caritatives comme les Fondations Ste Irénéé, Raoul Follereau et Marcel Mérieux. Dès la semaine prochaine, 200 familles y seront relogées. Les églises et les associations coordonnent le relogement des réfugiés.
“Ils ont quitté les camps pour venir s’installer ici dans cet immeuble qui n’est même pas encore terminé. Un peu de mieux dans la vie de ces réfugiés chrétiens et yézidis même si leur situation reste dramatique. Ce qui frappe ici, c’est leur sourire, leur aptitude à la résilience. Ils ne demandent rien, ils veulent simplement délivrer un message : “prier pour nous, aidez-nous à rentrer chez nous” explique Raphaële Tavernier, notre journaliste envoyée à Erbil.