Si ce centre de loisirs n’est pas comme les autres, c’est d’abord parce que le maire de Chessy avait choisi de longue date de préempter un terrain au centre du village. Et pas n’importe lequel, mais le jardin de la propriété de Jean de Brunhoff, le père de Babar. Les trois maisons imbriquées du centre de loisirs se sont posées au gré du terrain, autour du gingko biloba, l’arbre aux quarante écus. Trois maisons d’allure identique, un peu de guingois sous leur capuchon de métal gris. Mais, comme celles des trois petits cochons, elles recèlent de nombreuses différences, dans les proportions, les aménagements intérieurs et les détails de mobilier. Dans les maisons, les petits occupent le soubassement et bénéficient de la vision du jardin par les fenêtres basses. A l’étage, éclairé uniquement par les pignons, les grands évoluent dans une ambiance sécurisée et conviviale. Et, sous la charpente à claire-voie, la maison d’accueil abrite une terrasse couverte, vaste préau de jeux d’où se découvre la campagne environnante.
Au fil des étapes de la socialisation, la graduation de la lumière accompagne ainsi l’éveil à la nature et à l’ouverture aux autres.
Fort de son expérience personnelle en centre de loisirs, l’architecte a imaginé pour les enfants ce lieu de vie, d’intelligence et de réflexion pour un projet pédagogique en dehors du cadre et du temps scolaire.
A partir de l’archétype de la maison des dessins d’enfants, il a tracé un parcours intérieur centré sur l’éveil de la sensibilité architecturale. Et les maîtres d’ouvrage ont joué le jeu. A titre expérimental, le SAN a ainsi ouvert sa centrale d’achats à du mobilier de créateur qui apporte des repères culturels parmi des éléments plus courants. Le maire a d’abord soutenu le projet dans sa dimension formelle, ce qui n’est pas évident pour ces maisons de tôle. Mais il a surtout adhéré au projet de vie qui sous-tend le parti architectural.