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Sou Fujimoto, Tokyo

2014-07-10 10

"Between Nature and Architecture"

Sou Fujimoto a été le plus jeune architecte invité à la serpentine Gallery pour y réaliser un des 16 pavillons éphémères, celui de 2013. Il a été un des quatre architectes de l’équipe menée par Toyo Ito, pour le pavillon japonais, Lion d’or à la biennale de Venise de 2012, qui questionnait l’architecture de l’après Fukushima.

Il s’est pourtant appliqué à se dégager de l’architecture, de son histoire, de ses courants. Après son diplôme passé en 1994 à la faculté d’ingénierie de Tokyo, il se retire dans un « hors champ » qui durera 6 ans. En 2000, il fonde son agence, et réalise en 2003, dans son île natale d’Hokkaido, un hôpital psychiatrique destiné aux enfants. On découvre à travers un esprit d’innocence, un retour aux origines, une recherche de ce qu’ont pu être les prémisses de l’architecture, un bâtiment qui évite les réminiscences. 24 cubes blancs, répartis de façon aléatoire, calibrent entre ordre et désordre, le bâti, l’extérieur, les interstices. L’architecture y est simple, fragile lorsqu’elle laisse un champ à l’entre-deux, souple lorsqu’à travers sa géométrie répétitive, elle laisse entrevoir la possibilité d’une étendue, humaine lorsqu’elle partage avec les occupants le soin d’y définir les espaces.
L’espace, pour Fujimoto, cet invisible et impalpable, semble présider à l’architecture, comme l’air préside à une bulle. Les espaces sont là, en suspension ou brouillés, sans division ni définition claire, translucides, cernés par le construit. L’intérieur et l’extérieur constituent un ensemble, comme l’illustre le « Taiwain café » rebaptisé par ses usagers « park café » où intérieur et extérieur, dessous ou dessus, le statique et le mouvement peuvent intervertir leurs rôles.
La maison N, cube transparent, s’opacifie dans un emboitement de rectangles. La maison NA se présente comme un ensemble d’espaces suspendus, ouverts, dont les fonctions se définissent suivant la position du corps : les plafonds peuvent s’utiliser comme des sols, les escaliers comme des tables, ou sièges. Le tout semble flotter dans un espace à peine dessiné grâce à une géométrie la plus simple possible.
La géométrie de Fujimoto est infinie et répond à ses expérimentations les plus diverses. Elle lui permet de dépasser la question des échelles, d’imaginer du plus petit au plus grand et de complexifier ses bâtiments sans que ses principes s’en trouvent modifiés. La tour de Taiwan reste un monument voué à la transparence. L’espace de la bibliothèque de Musashino, bâtiment publique, surprend lorsqu’il se fluidifie par un enroulement progressif vers le cœur, à l’image d’une coquille d’escargot.
Mais pour Fujimoto, les bases de son architecture se rattachent toujours à un esprit primitif celui du nid et de la grotte.

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