Journée d’études « Avatars littéraires de la catastrophe (langues catalane et portugaise)» Université Paris-Sorbonne
Paris, 16 mai 2014
Cette manifestation, qui a réuni des chercheurs du domaine catalan (SEC) et de l’axe lusophone du CRIMIC (EL), a permis d’examiner l’inscription de la violence dans diverses formes de catastrophe travaillées par le roman, la poésie, le théâtre et le cinéma des langues considérées. Toutes les communications ont montré, par des moyens différents, que la catastrophe se caractérise, entre autres, par la hantise du temps et par l’idée de perte associée à la difficulté à témoigner. Ainsi, le fil rouge de cette journée pourrait être illustré par une expression saisissante du romancier portugais António Lobo Antunes, évoquée par la première intervenante : « Comment rentrer à la maison lorsqu’il n’y a plus de maison ? » (in O Esplendor de Portugal, roman qui narre le retour à Lisbonne des anciens «retornados », obligés de quitter l’Angola à la suite de la décolonisation).
La question de la représentation a constitué le soubassement fondamental des onze interventions qui ont analysé la poésie visuelle de Joan Brossa et l’écriture ironique d’Alexandre O’Neill, mais aussi les enjeux de la déconstruction de l’Histoire (colonisation, guerre coloniale, guerre civile), l’écriture du désastre (Fukushima), les implications du sida chez Joaquim Manuel Magalhães (même si « la maladie c’est aussi nous », selon le romancier brésilien Bernardo de Carvalho), les conséquences de l’immigration interne, qui s’accompagne autant d’une destruction du passé que d’une possibilité d’avenir, le réel en éclats dans le théâtre catalan contemporain, ou encore les figures spectrales de la ruine, de l’horreur et de l’abime dans la littérature et le cinéma portugais (« Tabou » de Miguel Gomes), à partir de propositions théoriques diverses (Barker, Jean-Luc Nancy, Zizek, etc.).
Le débat animé qui a suivi s’est révélé très fécond, insistant notamment sur l’importance du traumatisme, la fragmentation de la parole, l’indicible et l’aporie du témoignage sur la catastrophe.