Travail difficile et sous pression pour les journalistes en Crimée. Ukrainiens, Russes ou étrangers, ils sont victimes de menaces et d’agressions. Amnesty International craint pour leur sécurité.
Jeudi dernier, le signal de la chaîne de télévision ukrainienne “1+1” a brusquement été interrompu en Crimée, après que le Parlement régional a voté en faveur d’une rupture totale avec Kiev et d’un rattachement à la Russie.
‘‘La fréquence est maintenant occupée par la chaîne Rosiya, explique Lidia Taran, présentatrice de “1+1”. Nous sommes scandalisés que les citoyens d’Ukraine – car en tant que résidents de Crimée, ils sont d’abord et avant tout citoyens ukrainiens – soient privés de leur droit à une information objective et qu’on leur enlève les chaînes du pays dans lequel ils vivent.” Et d’affirmer que les journalistes de ‘‘1+1’‘ ont été victimes d’agressions par des individus pro-russes.
La Russie de son côté, hausse également le ton pour défendre ses journalistes. Le ministère des Affaires étrangères a exprimé son mécontentement en reprochant au pouvoir ukrainien d’entraver le travail des journalistes russes en Ukraine. Il cite l’exemple de sept d’entre eux arrêtés par les forces de l’ordre de Dniepropetrvsk sous prétexte, dit le communiqué, qu’ils n‘étaient “intéressés que par certains sujets visant à faire de la provocation”.
La guerre des mots a également lieu entre les médias russes et ukrainiens. Les journalistes ukrainiens ont accusé leurs homologues russes de faire de la propagande en faveur de Moscou. Et les représentants des plus grands groupes de médias en Ukraine, dans une lettre ouverte, d’exiger davantage d’objectivité : de “peser de manières responsable chaque mot”, disent-ils. “Nous n’avons pas le droit d’attiser l’inimitié entre les peuples frères de Russie et d’Ukraine, de diffuser des informations non vérifiées et de déformer la réalité”.
Réponse des grandes chaines russes le lendemain : “Pour ce qui est de l’objectivité et d‘être responsable, nous voudrions vous lancer le même appel.” (...) “Ne procédons pas chacun de notre côté, comme c’est devenu la tradition ces dernières années, mais ensemble.”
Déontologie et éthique ne sont malheureusement pas les seuls terrains d’affrontement. Des vidéos postées sur YouTube et diffusées par une chaîne ukrainienne montrent un homme en tenue militaire, cagoulé, qui poursuit un journaliste bulgare, le jette au sol avant de le menacer avec un pistolet. Exemple concret de la détérioration du climat en Crimée, où les journalistes ukrainiens et étrangers, accusés d‘être à la solde des grandes puissances, sont pris pour cible par certains militants pro-russes.