On parle volontiers d'un « vieux sage », sans doute pour reconnaître que l'âge et l'expérience acquise au fil des ans procurent de la sagesse. Nous savons tout le respect que l'on accorde en Afrique aux personnes âgées.
Mais vraiment faut-il attendre d'être octogénaire, un peu plus ou un peu moins, pour mériter le qualificatif de sage ? Pas si sûr.
D'abord, il y a la sagesse acquise par les générations au long des siècles. La Bible en offre de magnifiques exemples comme Ben Sirac, que l'on appelle tout simplement « le Sage ». C'est lui qui s'adresse à nous dans la première lecture de ce dimanche. Le Livre des Proverbes aligne plusieurs chapitres de sentences forgées au creuset de l'expérience humaine. Par exemple :
« Une réponse douce fait rentrer la colère,
mais une parole blessante fait monter l'irritation ».
« Qui rejette l'éducation se méprise lui-même,
mais qui écoute l'avertissement acquiert du bon sens ».
Chaque pays a ses sages. En France, La Fontaine et ses Fables en sont l'illustration.
Mais la sagesse humaine est fragile. Il suffit parfois de bien peu de choses pour déchaîner la haine et la violence. L'histoire récente nous en fournit de nombreux exemples.
C'est la raison pour laquelle Ben Sirac le Sage prend soin de nous avertir : « La sagesse du Seigneur est grande ». Le seul vrai sage n'est autre que Dieu, qui sait ce qu'il y a dans le cœur de l'homme et qui s'empresse d'être pour lui le phare qui, sur la ligne d'horizon, indique la direction.
A se priver de ce phare, les hommes n'ont pas fini de tâtonner et d'errer dans les grands espaces de la nuit et de l'incertitude. N'ayons pas peur de le dire : « Sans Dieu, la folie rôde aux portes ».
Père Bernard Heudré
Basilique Saint Sauveur
Rennes