François Chignac : L'Afrique du Sud s'interroge sur l'après-Mandela

2013-12-07 49

Le monde entier célèbre la disparition de Nelson Mandela, véritable icône, l’un des derniers grands hommes, disent certains. Mais c’est évidemment en Afrique du Sud que l‘émotion est la plus forte. Et elle s’y s’exprime d’une facon particulière. Nous avons interrogé notre envoyé spécial à Johannesburg, François Chignac.

Laurence Alexandrowicz : Quelle image vous a marqué depuis votre arrivée ?
François Chignac : La principale image, c’est celle d’une communion. Le pays est certes en deuil, mais c’est un deuil joyeux. Les gens dans la rue ne sont pas tristes, ils chantent, dansent, se photographient, se prennent dans les bras… Ce n’est donc pas un deuil triste auquel on assiste, par exemple devant la dernière demeure de Nelson Mandela, à Houghton. Les policiers ont placé des grilles pour empêcher les voitures d’accéder jusqu‘à ce site, alors ces grilles sont pleines de fleurs. Les visiteurs érigent des autels, mettent des bougies autour, laissent des messages, chantent et dansent pour rendre un dernier hommage à Mandela.

Euronews : Que disent les gens de l’avenir de leur pays après la disparition de Mandela ? Pensent-ils – et pensez-vous – que l’Afrique du Sud va vivre un avant et un après-Mandela et que sa disparition fragilise leur pays ?
François Chignac : La situation est loin d‘être idyllique ici. Le taux de chômage est très élevé chez les jeunes (25%). Et le parti au pouvoir, l’ANC (Congrès national africain), est très critiqué. Il faut aussi prendre
en compte le fait qu’en 2014, il y a des échéances électorales et qu’une nouvelle génération, la génération des new born, qui n’a pas connu l’apartheid, va aller voter. Or, elle ne va visiblement pas voter pour l’ANC. Alors, que va donner cet après-Mandela ? Y aura-t-il un homme ou une femme pour reprendre le flambeau de Mandela ? Rien n’est moins sûr, tout le monde commence à se poser la question et à s’en inquiéter.

Euronews : L’Afrique du Sud doit faire face à d’importants défis, en premier lieu, la lutte contre la pauvreté, nous sommes en effet dans le pays le plus inégalitaire au monde. L’esprit de Mandela peut-il changer cela ?
François Chignac : Vous avez raison de souligner ces inégalités. Elles
existent entre Blancs et Noirs mais également entre les jeunes et le reste de la population, et encore entre les immigrés et le reste du pays. N’oublions pas qu’en 2008, le pays avait sombré dans le chaos. Des immigrés venant du Zimbabwe et du Congo avaient été victimes de violences. Et ce que tout le monde craint ici, c’est : est-ce que la mort de Mandela ne pourrait pas plonger le pays dans le chaos ?

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