Mardi des Bernardins du 5 novembre 2013
« Nos invités ont questionné les développements passés et à venir des techniques de procréation médicalement assistée. Après avoir souligné les glissements sémantiques de ces techniques -parlons-nous de « procréation » ou « d’assistance à la procréation » ? -, Jacques Testart, le père » du premier bébé éprouvette en France, a rappelé que si la fécondation in vitro ne posait pas de problème à ses yeux quant à la filiation et l’idée même de procréation, les évolutions actuelles étaient plus inquiétantes. Nos invités ont convenu que la PMA quittait le champ du médical pour répondre à un désir d’enfant qui n’est pas légitime dans tous les cas. Monette Vacquin, psychanalyste, et le Père Brice de Malherbe ont mis en évidence l’empreinte de la technicité sur une procréation autrefois naturelle. Est-ce à dire que nous avons aujourd’hui la possibilité, grâce à la science, de réaliser des fantasmes immémoriaux, de couper la reproduction de la sexualité ? Le sujet serait d’autant plus alarmant que nous serions déjà entrés dans des pratiques eugéniques : le tri des embryons, non plus pour éviter des maladies graves mais des risques de maladie, le fait qu’un quart des couples ayant recours à la PMA ne soit pas stérile et la médicalisation industrielle de la procréation, avec l’insémination artificielle par exemple, doivent nous interroger sur un mouvement qui à certains égards ne semble pas pouvoir être arrêté. Sommes-nous capable de limiter l’intrusion de la science dans la reproduction, par la loi notamment ? »
INTERVENANTS
P. Brice de Malherbe - Co-directeur du département de recherche Éthique Biomédicale
Monette Vacquin - Psychanalyste
Jacques Testart - Biologiste, directeur honoraire de recherche à l’INSERM et pionnier de la PMA