Malik Lounes : Chez Nicolas pour le Pinard. Chez Momo pour le pétard.

2013-07-23 27

Malik Lounès, ancien responsable de la Fédération Nationale des Maisons des Potes et du journal « Pote à Pote »

Le 27 juin 2013 l'AFR a organisé une Journée Politiques intitulée "Acteurs de RdR : Militants ou Prestataires ?".

http://www.a-f-r.org

Ces dernières années, la France a connu des politiques répressives en matière de drogues. Si la loi est, dans le texte, la même pour tout le monde, il est désormais impossible de ne pas voir que le fardeau est plus lourd dans certains endroits du territoire et pour certaines personnes. Le tribut de la guerre aux drogues, en France, a essentiellement été payé par l’Autre : le migrant ou le réfugié, les gamins issus d’autres horizons géographiques et dont cette origine est immédiatement signifiée par la couleur de peau et le nom. Ces derniers mois, la question des « quartiers » s’est bruyamment réinvitée dans l’espace médiatique, de Sevran aux quartiers nord de Marseille. Des Blacks et Latinos américains aux Hazaras afghans en passant par les « jeunes des quartiers », c’est la même logique qui est à l’œuvre, dans laquelle la relégation ethnique est étroitement liée à la relégation sociale et géographique. Logique sur laquelle les acteurs de la RdR ont trop longtemps mis un voile pudique, leur fameux cadre de référence leur fournissant une bonne caution pour ne pas aller sur ce terrain explosif. Difficulté supplémentaire pour les acteurs français : l’héritage républicain, dont l’universalisme devient de plus en plus un mythe fondateur déconnecté de la réalité politique, économique et sociale de certains territoires. Il est donc temps de croiser les combats de la RdR avec la question ethnique et avec la question sociale. Les travaux de Michelle Alexander aux Etats-Unis nous ouvrent la voie : dans son ouvrage The New Jim Crow. Mass Incarceration in the Age of Colorblindness, elle a brillamment démontré le phénomène de surincarcération des Noirs et des Hispaniques aux États-Unis, et le rôle joué par la loi sur les stupéfiants pour nourrir ce phénomène. En France, ce terrain reste vierge.

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