Nu et pâle, les bras sous la tête
Elle m'a rêvé un soir et je suis sorti.
J'ai longé les arbres et les bancs allongés,
J'ai suivi les rails et les pistes des bois,
J'ai couru dans le noir, je n'ai rien trouvé.
Elle m'a rêvé le jour suivant. Une heure,
J'ai parlé dans une langue inconnue.
J'ai chanté des rois sans planète, délaissés.
J'ai ouvert ma porte aux êtres de brume.
Et je n'ai rien entendu.
Elle m'a rêvé toute une semaine et j'ai tué
Un cerf. J'ai arraché son cœur fumant,
Je l'ai mangé. J'ai peint ma poitrine de
Ses sirupeuses traînées. Je me suis endormi.
Et je ne l'ai pas senti dans ma chair.
Elle m'a rêvé une minute, à l'orée d'une heure.
J'ai claqué dans mes mains, j'ai perdu la tête.
J'ai puisé dans mes souvenirs, j'ai cherché
Mon nom. J'ai oublié mes vieilles terreurs.
Et je ne me suis pas souvenu d'elle.
Elle m'a rêvé les yeux ouverts, elle a dit mon nom.
Je suis devenu un nuage emmargé, j'ai plu des larmes
D'eau douce, d'aquarelle. Des larmes sans pareilles.
J'ai vu son visage.
Doucement, j'ai épelé ton nom.
Ismaël Billy, Efflorescences, préface de Michel Cazenave,
Éditions du Menhir, 2013, page 15.
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Avec l’aimable autorisation de l’auteur
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Ismaël Billy :
« Une poésie de notre temps…
Pour ce moderne ami des muses,
l’amour y est parfois nostalgique,
parfois lyrique,
toujours passionnel ».
Paul Laurendeau
http://www.ecouterlirepenser.com/textes/pl_lc_billy.htm
‘Dans « Nu et pâle, les bras sous la tête »…
il aura fallu que celle qui le rêve
ouvre les yeux sur lui peut-être,
qu’elle l’habille de son regard
et le nomme d’un murmure
pour que cesse la course dévastatrice
et que renaisse le souvenir ’, écrit Heide.
http://a-fleur-de-mots.over-blog.com/article-ismael-billy-efflorescences-120253085.html
À découvrir sur ce blog, ‘un immense coup de cœur
pour ‘Efflorescences’ d’Ismaël Billy,
une œuvre contemporaine importante’.